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Lignes de défense

La France est-elle prête à répondre aux enjeux du réarmement?

3 min • 20 juli 2025

Dans un contexte international marqué par une augmentation des dépenses de défense, le réarmement de l'Otan, dans la prochaine décennie, pourrait générer en France, un marché annuel de 45 milliards d'euros et entrainer la création de plus de 500 000 emplois. Mais la capacité industrielle tricolore est aujourd'hui sous-dimensionnée pour répondre à l'accroissement de la demande. Un immense défi capacitaire doit être relevé si Paris veut conserver la deuxième place mondiale d'exportations d'armes. 

La France est-elle prête à répondre aux enjeux du réarmement ? La question donne des sueurs froides aux acteurs de la Base industrielle et technologique de défense tricolore dont les outils de production sont déjà occupés à plus de 90%. La Caisse des dépôts, bras armé de l'État pour les questions économiques et industrielles, met en exergue dans un rapport publié fin juin les faiblesses d'un tissu industriel, qui n'est pas calibré pour faire face à un saut d'échelle.

Or c'est maintenant que tout se joue, pointe Romain Lucazeaux du SCET, le cabinet de conseil de la Caisse des dépôts, auteur du rapport : « La problématique de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française est de passer d'un modèle artisanal, adapté aux besoins de la France qui est une petite-grande puissance, à une BITD capable de servir les besoins de nos partenaires de l'Otan, notamment les marchés allemands et polonais. Il y a une opportunité à ne pas rater et cela demande une montée en puissance, une prise de risques, mais aussi la capacité à s'internationaliser et donc la capacité à mener des stratégies commerciales et cela coûte de l'argent cela implique des compétences que les acteurs français n'ont pas forcément, notamment les PME (petites et moyennes entreprises) et certaines ETI (entreprises de taille intermédiaire) ».

L'industrie doit parvenir à s'ancrer dans les territoires

L'Otan a officialisé les 5% de PIB pour la défense. Les financements arrivent, note la Caisse des dépôts et la clé du succès, insiste Romain Lucazeaux, repose sur l'attractivité des territoires. « Les acteurs de la défense sont à l'orée d'une transformation massive de leur processus interne, de leurs gestes métiers, de leur manière d'organiser leur production. Il va falloir passer de la petite série à un monde industriel. Les écosystèmes industriels français sont confrontés à un certain nombre de difficultés. Il y a une géographie de la défense qui hérite du 19e siècle et donc les entreprises sont situées plutôt à l'ouest et au sud, c'est-à-dire loin de la frontière allemande. Sauf que nos capacités manufacturières ne sont pas forcément là. La question est de savoir si nous aurons assez d'ingénieurs, de techniciens supérieurs, est-ce qu'on a les bons programmes de recherche et développement collaboratifs dans lesquels plusieurs entreprises s'associent avec une université, un centre de formation pour construire des solutions avancer ensemble, chasser en meute... Tout cela demande que la mayonnaise prenne dans un territoire donné. Ce ne sont pas des solutions nationales, mais bien territoriales. Le risque est que l'on ait les financements, la meilleure technologie, une armée d'emploi qui valorise la production, mais que l'on ne trouve pas les employés et les projets qui permettent à ces écosystèmes d'être performants ».

Des centaines de milliers d'emplois sont en jeu

Rester le deuxième exportateur mondial, c'est le défi français, un objectif atteignable à la condition de se concentrer dans certains secteurs clés comme les équipements de pointe, souligne Romain Lucazeaux : « Vous avez deux niveaux d'exportation, vous avez des choses qui relèvent de la plateforme. Exemple : je vends des Rafale, et vous avez des équipements. Les équipements, c'est beaucoup moins visible, moins spectaculaire, mais la question de notre capacité à fournir des équipements, c'est-à-dire ce que l'on retrouve dans les plateformes, les chars et les avions, c'est quand même de la valeur ajoutée forte qui est créée. Notre sujet, c'est bien d'arriver à exporter et dans ces secteurs très porteurs, il existe des retombées en matière de création de richesse et d'emplois qui peuvent être massives ».

La BITD répartie au sein de plus de 4 000 entreprises pourrait ainsi dans les dix prochaines années créer de 500 000 à 800 000 emplois, qu'ils soient directs, indirects ou induits.

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